La croyance relative à Albert-le-Grand

Albert-le-Grand, Albert-le-Teutonique, Albert de Cologne, Albert de Ratisbonne, Albertus Grotus, car on le désigne sous tous ces noms (le véritable était Albert de Groot), savant et pieux dominicain, mis à tort au nombre des magiciens par les démonographes, fut, dit-on, le plus curieux de tous les hommes.


La vie d'Albert-le-Grand

Il naquit dans la Souabe, à Lawigen sur le Danube, en 1203. D'un esprit fort grossier dans son jeune âge, il devint, à la suite d'une vision qu'il eut de la sainte Vierge, qu'il servait tendrement et qui lui ouvrit les yeux de l'esprit, l'un des plus grands docteurs de son siècle. Il fut le maître de saint Thomas d'Aquin. Vieux, il retomba dans la médiocrité, comme s'il dût être évident que son mérite et sa science étendue n'étaient qu'un don miraculeux et temporaire.
D'anciens écrivains ont dit, après avoir remarqué la dureté naturelle de sa conception, que d'âne il avait été transmué en philosophe, puis, ajoutent-ils, de philosophe il redevint âne.
Albert-le-Grand fut évêque de Ratisbonne et mourut saintement à Cologne, âgé de 87 ans.


L'œuvre d'Albert-le-Grand

Les ouvrages d'Albert-le-Grand n'ont été publiés qu'en 1651. Ils forment 24 volumes. En les parcourant, on admire un savant chrétien. On ne trouve jamais rien qui ait pu le charger de sorcellerie. Il dit formellement au contraire: « Tous ces contes de démons qu'on voit rôder dans les airs, et de qui on tire le secret des choses futures, sont des absurdités que la saine raison n'admettra jamais. »
C'est qu'on a mis sous son nom des livres de secrets merveilleux, auxquels il n'a jamais eu plus de part qu'à l'invention du gros canon et du pistolet que lui attribue Matthieu de Luna.
Mayer dit qu'il reçut des disciples de saint Dominique le secret de la pierre philosophale, et qu'il le communiqua à saint Thomas d'Aquin. Il dit également qu'il possédait une pierre marquée naturellement d'un serpent, et douée de cette vertu admirable, que si on la mettait dans un lieu que les serpents fréquentassent, elle les attirait tous. Il dit enfin qu'il employa, pendant trente ans, toute sa science de magicien et d'astrologue à faire, de métaux bien choisis, et sous l'inspection des astres, un automate doué de la parole, qui lui servait d'oracle et résolvait toutes les questions qu'on lui proposait. C'est ce qu'on appelle l'androïde d'Albert-le-Grand. Toujours selon Mayer, cet automate fut anéanti par saint Thomas d'Aquin, qui le brisa à coups de bâton, dans l'idée que c'était un ouvrage ou un agent du diable. On sent que tous ces petits faits sont des contes.
On a donné aussi à Virgile, au pape Sylvestre II, à Roger Bacon, de pareils androïdes. Vaucanson a montré que c'était un pur ouvrage de mécanique.


Les sorcelleries d'Albert-le-Grand

Une des plus célèbres sorcelleries d'Albert-le-Grand eut lieu à Cologne. Il donnait un banquet, dans son cloître, à Guillaume II, comte de Hollande et roi des Romains. C'était dans le cœur de l'hiver, et la salle du festin présenta, à la grande surprise de la cour, la riante parure du printemps. Mais, ajoute-t-on, les fleurs se flétrirent à la fin du repas. A une époque où l'on ne connaissait point les serres chaudes, l'élégante prévenance du bon et savant religieux dut surprendre. Ce qu'il appelait lui-même ses opérations magiques n'étaient ainsi que de la magie blanche.
Finissons en disant que son nom d'Albert-le-Grand n'est pas un nom acquis par la gloire, mais la simple traduction de son nom de famille, Albert de Groot.
On lui attribue donc le livre intitulé Les admirables secrets d'Albert-le-Grand, contenant plusieurs traités sur les vertus des herbes, des pierres précieuses et des animaux, etc., augmentés d'un abrégé curieux de la physionomie et d'un préservatif contre la poste, les fièvres malignes, les poisons et l'infection de l'air, tirés et traduits des anciens manuscrits de l'auteur qui n'avaient pas encore paru. Excepté du bon sens, on trouve de tout dans ce fatras, jusqu'à un traité des fientes, qui « quoique viles et méprisables sont cependant en estime, si on s'en sert aux usages prescrits. » Le récollecteur de ces secrets débute par une façon de prière, après quoi il donne la pensée du prince des philosophes, lequel pense que l'homme est ce qu'il y a de meilleur dans le monde, attendu la grande sympathie qu'on découvre entre lui et les signes du ciel, qui est au-dessus de nous et, par conséquent, nous est supérieur.
Le livre Ier traite principalement, et de la manière la plus inconvenante, de l'influence des planètes sur la naissance des enfants, du merveilleux effet des cheveux de la femme, des monstres, de la façon de connaître si une trois enceinte porte un garçon ou une fille, du venin que les vieilles femmes portent dans les yeux, surtout si elles y ont de la chassie, etc. Toutes ces rêveries grossières sont fastidieuses, absurdes et fort sales.
On voit, dans le livre II, les vertus de certaines pierres, de certains animaux, et les merveilles du monde, des planètes et des astres.
Le livre III présente l'excellent traité des fientes, de singulières idées sur les urines, les punaises, les vieux souliers et la pourriture, des secrets pour amollir le fer, pour manier les métaux, pour dorer l'étain et pour nettoyer la batterie de cuisine.
Enfin, le livre IV est un traité de physiognomonie, avec des remarques savantes, des observations sur les jours heureux et malheureux, des préservatifs contre la fièvre, des purgatifs, des recettes de cataplasmes et autres choses de même nature. Nous rapporterons en leur lieu ce qu'il y a de curieux dans ces extravagances.

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