La croyance relative à Cagliostro


Un aventurier du XVIIIe siècle

Joseph Balsamo, célèbre aventurier du XVIIIe siècle, connu sous le nom d'Alexandre, comte de Cagliostro, naquit, dit-on, à Palerme en 1743, de parents obscurs. Il montra, dans ses premières années, un esprit porté à la friponnerie. Tout jeune, il escroqua soixante onces d'or à un orfèvre, en lui promettant de lui livrer un trésor enfoui dans une grotte sous la garde des esprits infernaux. Il le conduisit dans cette grotte, où le bonhomme fut assommé de coups de bâton.
Cagliostro s'enfuit, alors et voyagea avec un alchimiste, nommé Aithotas, en Grèce, en Égypte, en Arabie, en Perse, à Rhodes, à Malte. Ayant perdu là son compère, il passa en Angleterre, et d'Angleterre en France, vivant du produit de ses compositions chimiques (il donnait dans la pierre philosophale), ou de jongleries et d'intrigues ignobles. Il se rendit à Strasbourg, où il fut reçu, en 1780, avec une sorte de triomphe. Il y guérit certains malades qui l'attendaient, avec une adresse si prompte, que l'on a cru qu'ils étaient apostés et leur mal supposé, à moins que le diable ne fût aux ordres de Cagliostro, comme beaucoup l'ont dit, et comme le faisait penser sa physionomie patibulaire.
Les uns l'ont regardé comme un homme extraordinaire, un inspiré. D'autres comme un vil charlatan. Quelques-uns ont vu en lui un membre voyageur de la maçonnerie templière, constamment opulent par les secours nombreux qu'il recevait des diverses loges de l'ordre. Mais le plus grand nombre s'accorde à donner au faste qu'il étalait une source moins honorable encore.


Les pupilles ou colombes de Cagliostro

Cagliostro se vantait de converser avec les anges, et il faisait entendre en rase campagne (par ventriloquie) des voix venant du ciel. Il institua une espèce de cabale égyptienne. De jeunes garçons et de jeunes filles, qu'il appelait ses pupilles, ou colombes, se plaçaient, dans l'état d'innocence devant, une carafe de cristal, et là, abrités d'un paravant, ils obtenaient, par l'imposition des mains du grand cophte (c'était lui qui était le grand cophte), la faculté de communiquer avec les esprits: ils voyaient dans cette carafe tout ce qu'ils voulaient voir.
Les travaux de ces pupilles ou colombes ne se bornaient pas à cette cérémonie. Cagliostro leur enseignait encore à découvrir les choses occultes, les événements à venir et les matières curieuses. On ajoute qu'il a fait paraître aux grands seigneurs de Paris et de Versailles, dans des glaces, sous des cloches de verre et dans des bocaux, des spectres animés et se mouvant, ainsi que des personnes mortes qu'on lui demandait à voir.


Les pouvoirs mystérieux de Cagliostro

On fait même ce conte: Un jour que Cagliostro se trouvait en compagnie avec plusieurs de ses amis, ils témoignèrent l'envie de connaître ce que faisait en ce moment une dame de leur société. Aussitôt il forma sur le parquet un carré, passa les mains dessus, et l'ont vit se tracer la figure de la dame jouant aux tressettes avec trois de ses amies. On envoya au logis de cette dame, que l'on trouva effectivement dans la même attitude, la même occupation, et avec les mêmes personnes.
On rapporte aussi que dans des soupers qui ont fait, grand bruit à Paris, il invoquait les morts illustres, tels que Socrate, Platon, Corneille, d'Alembert, Voltaire, etc. Dans sa Lettre au peuple français, datée de Londres, le 20 juin 1786, il prédit que la Bastille serait détruite. Mais depuis longtemps on en avait le projet.
Cagliostro était très lié avec un joueur de gobelets qui se disait assisté d'un esprit, lequel esprit, à ce qu'on prétend, était l'âme d'un juif cabaliste qui avait tué son père par art magique avant la venue de notre Seigneur. Il disait effrontément que les prodiges qu'il opérait étaient l'effet d'une protection spéciale de Dieu sur lui...; que l'Etre Suprême, pour l'encourager, avait daigné lui accorder la vision béatifique, etc.; qu'il venait convertir les incrédules. Il se vantait d'avoir assisté aux noces de Cana... Il était par conséquent contemporain de notre Seigneur. Il est dit ailleurs que Cagliostro était né avant le déluge.
Il fut arrêté à Rome, en 1789, et condamné comme pratiquant à l'ombre de la franc-maçonnerie. Il s'étrangla dans sa prison en 1795.


Les œuvres de Cagliostro

Il a écrit, dit-on, la relation de quelques opérations prétendues magiques, ainsi que d'une transmutation de métaux vils en or, faites à Varsovie en 1780.
On met sur son compte une plate brochure qui apprenait aux vieilles femmes à trouver les numéros de la loterie dans leurs rêves. On vendait tous les ans, à Paris, un grand nombre d'exemplaires de ce fatras, dont voici le titre: Le vrai Cagliostro ou le Régulateur des actionnaires de la loterie, augmenté de nouvelles cabales faites par Cagliostro, etc., avec le portrait de l'auteur, au bas duquel on a mis ces treize syllabes: Pour savoir ce qu'il est, il faudrait être lui-même.

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