La croyance relative à Cartomancie

La cartomancie est une divination par les cartes, plus connue sous le nom d'art de tirer les cartes.


Les cartes tolérées puis condamnées

On dit, que les cartes ont été inventées pour amuser la folie de Charles VI, mais Alliette, qui écrivit, sous le nom d'Ettéilla, nous assure que la cartomancie, qui est l'art de tirer les cartes, est bien plus ancienne. Il fait remonter cette divination au jeu des bâtons d'Alpha (nom d'un Grec fameux exilé en Espagne, dit-il). Il ajoute qu'on a depuis perfectionné cette science merveilleuse. On s'est servi de tablettes peintes. Et quand Jacquemin Gringoneur offrit les cartes au roi Charles le Bien-Aimé, il n'avait eu que la peine du transporter sur des cartons ce qui était connu des plus habiles devins sur des planchettes. Il est fâcheux que cette assertion ne soit appuyée d'aucune preuve.
Cependant les cartes à jouer sont, plus anciennes que Charles VI. Boissonade a remarqué que le petit Jehan de Saintré ne fut honoré de la faveur de Charles V que parce qu'il ne jouait ni aux cartes ni aux dés. Il fallait bien aussi qu'elles fussent connues en Espagne lorsque Alphonse XI les prohiba en 1332, dans les statuts de l'ordre de la Bande.
Quoi qu'il en soit, les cartes, d'abord tolérées, furent ensuite condamnées. Et c'est une opinion encore subsistante dans l'esprit de quelques personnes crédules que qui tient les cartes tient le diable. C'est souvent vrai, au figuré. « Ceux qui font des tours de cartes sont sorciers le plus souvent » dit Boguet. Il cite un comte italien qui vous mettait en main un dix de pique, et vous trouviez que c'était un roi de cœur. Que dirait-il des prestidigitateurs actuels?
Il n'est pas besoin de dire qu'on a trouvé tout dans les cartes: histoire, sabéisme, sorcellerie. Il y a même eu des doctes qui virent toute l'alchimie dans les figures, et certains cabalistes ont prétendu y reconnaître les esprits des quatre éléments. Les carreaux sont les salamandres, les cœurs sont les sylphes, les trèfles les ondins, et les piques les gnomes.


L'art de tirer les cartes

Arrivons à l'art de tirer les cartes. On se sert, pour la cartomancie, d'un jeu de piquet de trente-deux caries. Les cœurs et les trèfles sont généralement bons et heureux. Les carreaux et les piques, généralement mauvais et malheureux. Les figures en cœur et en carreau annoncent des personnes blondes ou châtaines-blondes. Les figures en pique ou en trèfle annoncent des personnes brunes ou châtaines-brunes.
Voici ce que signifie chaque carte:

  • Les huit cœurs: Le roi de cœur est un homme honorable qui cherche à vous faire du bien. S'il est renversé, il sera arrêté dans ses loyales intentions. La dame de cœur est une trois honnête et généreuse de qui vous pouvez attendre des services. Si elle est renversée, c'est le présage d'un retard dans vos espérances. Le valet de cœur est un brave jeune homme, souvent un militaire, qui doit entrer dans votre famille et cherche à vous être utile. Il en sera empêché s'il est renversé. L'as de cœur annonce une nouvelle agréable. Il représente un festin ou un repas d'amis quand il se trouve entouré de figures. Le dix de cœur est une surprise qui fera grande joie. Le neuf promet une réconciliation, il resserre les liens entre les personnes qu'on veut brouiller. Le huit promet de la satisfaction de la part des enfants. Le sept annonce un bon mariage.

  • Les huit carreaux: Le roi de carreau est un homme assez important, qui pense à vous nuire, et qui vous nuira s'il est renversé. La dame est une méchante femme qui dit du mal de vous et qui vous fera du mal si elle est renversée. Le valet est un militaire ou un messager qui vous apporte des nouvelles désagréables, et s'il est renversé des nouvelles fâcheuses. L'as de carreau annonce une lettre. Le dix de carreau, un voyage nécessaire et imprévu. Le neuf, un retard d'argent. Le huit, des démarches qui surprendront de la part d'un jeune homme. Le sept, un gain de loterie. S'il se trouve avec l'as de carreau, bonnes nouvelles.

  • Les huit piques: Le roi représente un commissaire ou un homme de robe avec qui on aura des disgrâces. S'il est renversé, perte d'un procès. La dame est une veuve qui cherche à vous tromper. Si elle est renversée, elle vous trompera. Le valet est un jeune homme qui vous causera des désagréments. S'il est renversé, présage de trahison. L'as, grande tristesse. Le dix, emprisonnement. Le neuf, retard, dans les affaires. Le huit, mauvaise nouvelle. S'il est suivi du sept de carreau, pleurs et discordes. Le sept, querelles et tourments, à moins qu'il ne soit accompagné de cœurs.

  • Les huit trèfles: Le roi est un homme juste, qui vous rendra service. S'il est renversé, ses intentions honnêtes éprouveront du retard. La dame est une femme qui vous aime, ou une femme jalouse si elle est renversée. Le valet promet un mariage qui ne se fera pas sans embarras préliminaires, s'il est renversé. L'as, gain, profit, argent à recevoir. Le dix, succès. S'il est suivi du neuf de carreau, retard d'argent, et perte s'il se trouve à côté du neuf de pique. Le neuf, réussite. Le huit, espérances fondées. Le sept, faiblesses. S'il est suivi d'un neuf, héritage.

Après avoir mêlé le jeu, on compte les cartes de sept en sept, mettant de côté la septième de chaque paquet. On répète l'opération jusqu'à ce qu'on ait produit douze cartes. Vous étendez ces douze cartes sur la table les unes à côté des autres, selon l'ordre dans lequel elles sont venues. Ensuite vous cherchez ce qu'elles signifient, d'après la valeur et la position de chaque carte, ainsi qu'on l'a expliqué.
Mais avant de tirer les cartes, il ne faut pas oublier de voir si la personne pour laquelle on les tire est sortie du jeu. On prend ordinairement le roi de cœur pour un homme blond marié. Le roi de trèfle pour un homme brun marié. La dame de cœur pour une dame ou une demoiselle blonde. La dame de trèfle pour une dame ou une demoiselle brune. Le valet de cœur pour un jeune homme blond. Le valet de trèfle pour un jeune homme brun.
Si la carte qui représente la personne pour qui on opère ne se trouve pas dans les douze cartes que le hasard vient d'amener, on la recherche dans le reste du jeu, et on la place de simplement à la fin des douze cartes sorties. Si au contraire elle s'y trouve, on fait tirer à la personne pour qui on travaille se une treizième carte à jeu couvert. On la place pareillement à la fin des douze cartes étalées, parce qu'il est reconnu qu'il faut treize cartes.
Alors on explique sommairement l'ensemble du jeu. Ensuite, en parlant de la carte qui représente la personne pour qui on interroge le sort, on compte sept et on s'arrête. On interprète la valeur intrinsèque et relative de la carte sur laquelle on fait station. On compte sept de nouveau, et de nouveau on explique, parcourant ainsi tout le jeu à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'on revienne précisément à la carte de laquelle on est parti. On doit déjà avoir vu bien des choses.
Il reste cependant une opération importante. On relève les treize cartes, on les mêle, on fait couper de la main gauche. Après quoi on les dispose à couvert sur six paquets:

  • 1° pour la personne,
  • 2° pour la maison ou son intérieur,
  • 3° pour ce qu'elle attend,
  • 4° pour ce qu'elle n'attend pas,
  • 5° pour sa surprise,
  • 6° pour sa consolation ou sa pensée.

Les six premières cartes ainsi rangées sur la table, il en reste sept dans la main. On fait un second tour, mais on ne met une carte que sur chacun des cinq premiers paquets. Au troisième tour, on pose les deux dernières cartes sur les numéros 1 et 2. On découvre ensuite successivement chaque paquet, et on l'explique en commençant par le premier, qui a trois cartes ainsi que le deuxième, et finissant par le dernier qui n'en a qu'une.
Voilà tout entier l'art de tirer les caries. Les méthodes varient, mais les résultats ne varient pas.

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