La croyance relative à Démon


Des anges déchus

Ce que nous savons d'exact sur les démons se borne à ce que nous en enseigne l'Église: que ce sont des anges tombés, qui privés de la vue de Dieu depuis leur révolte, ne respirent plus que le mal et ne cherchent qu'à nuire. Ils ont commencé leur règne sinistre par la séduction de nos premiers pères. Ils continuent de lutter contre les anges fidèles qui nous protègent, et ils triomphent de nous quand nous ne leur résistons pas avec courage.
Nous ne pouvons faite ici un traité dogmatique sur les démons. Nous devons nous borner à rapporter les opinions bizarres et singulières auxquelles ces êtres maudits ont donné de l'intérêt. Les anciens admettaient trois sortes de démons: les bons, les mauvais et les neutres. Mais ils appelaient démon tout esprit. Nous entendons par démon, un ange de ténèbres, un esprit mauvais.


L'origine des démons

Presque toutes les traditions font remonter l'existence des démons plus loin que la création du monde matériel. Parmi les rêveurs juifs, Aben-Esra prétend qu'on la doit fixer au second jour de la création. Manassé Ben-Israël, qui suit la même opinion, ajoute qu'après avoir créé l'enfer et les démons, Dieu les plaça dans les nuages et leur donna le soin de tourmenter les méchants. L'homme n'était pas créé le second jour. Il n'y avait donc point de méchant à punir. Les démons d'ailleurs ne sont pas sortis noirs de la main du Créateur. Ils ne sont que des anges de lumière devenus anges de ténèbres par leur chute.
Origène et quelques philosophes soutiennent que les bons et les mauvais esprits sont plus vieux que notre monde; qu'il n'est pas probable que Dieu se soit avisé tout d'un coup, il y a seulement sept ou huit mille ans, de tout créer pour la première fois, que les anges et les démons étaient restés immortels après la ruine des mondes qui ont précédé le nôtre, etc. Manès, ceux qu'il a copiés et ceux qui ont adopté son système, font le diable éternel et le regardent comme le principe du mal, ainsi que Dieu est le principe du bien. Il a été suffisamment réfuté.
Nous devons donc nous en tenir sur les démons au sentiment de l'Église universelle. Dieu avait créé les chœurs des anges. Toute cette milice céleste était pure et non portée au mal. Quelques-uns se laissèrent aller à l'orgueil. Ils osèrent se croire aussi grands que leur Créateur, et entraînèrent dans leur crime une partie de l'armée des anges. Satan, le premier des Séraphins et le plus grand de tous les êtres créés s'était mis à la tête des rebelles. Il jouissait dans le ciel d'une gloire inaltérable et ne reconnaissait d'autre maître que l'Éternel. Une folle ambition causa sa perte. Il voulut régner sur la moitié du ciel, et siéger sur un trône aussi élevé que celui du Créateur. L'archange Michel et les anges restés dans le devoir lui livrèrent combat. Satan fut vaincu et précipité dans l'abîme avec tous ceux de son parti. Dieu exila les anges déchus loin du ciel, dans un lieu que nous nommons l'enfer ou l'abîme.


Le lieu de l'enfer et l'organisation des démons

Quelques opinions placent l'enfer au centre de notre globe. Plusieurs rabbins disent que les démons habitent l'air qu'ils remplissent. Saint Prosper les place dans les brouillards. Swinden a voulu démontrer qu'ils logeaient dans le soleil. D'autres les ont logés dans la lune. Bornons-nous à savoir qu'ils sont dans les lieux inférieurs, bien loin du soleil et de nous, comme dit Milton, et que Dieu leur permet toutefois de tenter les hommes qui sont sur la terre, et de les porter au mal.
Tout chrétien connaît la dure histoire du péché originel, réparé dans ses effets éternels, par la divine rédemption. On sait aussi que depuis la venue du Messie le pouvoir des démons, resserré dans d'étroites limites, se borne à un rôle vil et ténébreux, qui a produit quelques tristes récits mêlés souvent de mensonge.
On ne sait trop se figurer le nombre des démons. Wiérus, toutefois, comme s'il les avait comptés, dit qu'ils se divisent en 6670 légions, composées chacune de 6670 anges ténébreux. Il en élève ainsi le nombre à 45 000 000, ou à peu près, et leur donne 72 princes, ducs, marquis, prélats ou comtes. Mais il y en a bien davantage, et ils ont leur bonne part dans le mal qui se fait ici-bas, puisque les mauvaises inspirations viennent d'eux seuls. Honte et malheur à qui les écoute!
Selon Michel Psellus, les démons se divisent en six grandes sections. Les premiers sont les démons du feu, qui on habitent les régions éloignées. Les seconds sont les démons de l'air, qui volent autour de nous, et ont le pouvoir d'exciter les orages. Les troisièmes sont les démons de la terre, qui se mêlent avec les hommes et s'occupent de les tenter. Les quatrièmes sont les démons des eaux, qui habitent la mer et les rivières, pour y élever des tempêtes et causer des naufrages. Les cinquièmes sont les démons souterrains, qui préparent les tremblements de terre, souillent les volcans, font écrouler les puits et tourmentent les mineurs. Les sixièmes sont les démons ténébreux, ainsi nommés parce qu'ils vivent loin du soleil et ne se montrent pas sur la terre. On ne sait trop où Michel Psellus a trouvé ces belles choses, mais c'est dans ce système que les cabalistes ont imaginé les salamandres, qu'ils placent dans les régions du feu; les sylphes, qui remplissent l'air; les ondins, ou nymphes, qui vivent dans l'eau; et les gnomes, qui sont logés dans l'intérieur de la terre.
Des doctes ont prétendu que les démons multiplient entre eux comme les hommes. Ainsi, leur nombre doit s'accroître surtout si l'on considère la durée de leur vie, que quelques savants ont bien voulu supputer. Car il en est qui ne les font pas immortels. Hésiode leur donne une vie de 680 400 ans. Plutarque, qui ne conçoit pas bien qu'on ait pu faire l'expérience d'une si longue vie, la réduit à 9720 ans.


Des superstitions relatives aux démons

Les Moluquois s'imaginent que les démons s'introduisent dans leurs maisons par l'ouverture du toit, et apportent un air infect qui donne la petite-vérole. Pour prévenir ce malheur, ils placent à l'endroit où passent ces démons certaines petites statues de bois pour les épouvanter, comme nous hissons des hommes de paille sur nos cerisiers pour écarter les oiseaux.
Lorsque ces insulaires sortent le soir ou la nuit, temps destiné aux excursions des esprits malfaisants, ils portent toujours sur eux un oignon ou une gousse d'ail, avec un couteau et quelques morceaux de bois. Et quand les mères mettent leurs enfants au lit, elles ne manquent pas de mettre ce préservatif sous leur tête.
Les Chingulais, pour empêcher que leurs fruits ne soient volés, annoncent qu'ils les ont donnés aux démons. Dès lors, personne n'ose y toucher.
Les Siamois ne connaissent point d'autres démons que les âmes des méchants qui, sortant des enfers où elles étaient détenues, errent un certain temps dans ce monde et font aux hommes tout le mal qu'elles peuvent. De ce nombre sont encore les criminels exécutés, les enfants mort-nés, les femmes mortes en couches et ceux qui ont été tués en duel.


Les démons familiers

Les démons familiers sont des démons qui s'apprivoisent et se plaisent à vivre avec les hommes, qu'ils aiment assez à obliger.
Un historien suisse rapporte qu'un baron de Regensberg s'était retiré dans une tour de son château de Bâle pour s'y adonner avec plus de soin à l'étude de l'Ecriture Sainte et aux belles lettres. Le peuple était d'autant plus surpris du choix de cette retraite, que la tour était habitée par un démon, qui jusqu'alors n'en avait permis l'entrée à personne. Mais le baron était au-dessus d'une telle crainte. Au milieu de ses travaux, le démon lui apparaissait, dit-on, en habit séculier, s'asseyait à ses côtés, lui faisait des questions sur ses recherches, et s'entretenait avec lui sur divers objets, sans jamais lui faire aucun mal. L'historien crédule ajoute que, si le baron eût voulu faire des questions au démon, il en eût tiré beaucoup d'éclaircissements utiles.


Les démons de midi

On parlait beaucoup chez les anciens de certains démons qui se montraient particulièrement vers midi à ceux avec lesquels ils avaient contracté familiarité. Ces démons visitent ceux à qui ils s'attachent, en forme d'hommes ou de bêtes, ou en se laissant enclore en un caractère, chiffre, fiole, ou bien en un anneau vide et creux au dedans. « Ils sont connus, ajoute Leloyer, des magiciens qui s'en servent, et à mon grand regret, je suis contraint de dire que l'usage n'en est que trop commun. »

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