La croyance relative à Danis

Danis est un sorcier du XVIIIe siècle.


La rencontre de Denis Milanges avec un berger

Le vendredi 1er mai 1705, à cinq heures du soir, Denis Milanges de la Richardière, fils d'un avocat au parlement de Paris, fut attaqué à 18 ans de léthargies et de démences si singulières que les médecins ne surent qu'en dire. On lui donna de l'émétique, et ses parents l'emmenèrent à leur maison à Noisy-le-Grand, où son mal devint plus fort. Si bien qu'on déclara qu'il était ensorcelé.
On lui demanda s'il n'avait pas eu de démêlés avec quelque berger. Il conta que le 18 avril précédent, comme il traversait à cheval le village de Noisy, son cheval s'était arrêté court dans la rue Feret, vis-à-vis la chapelle, sans qu'il put le faire avancer; qu'il avait vu sur ces entrefaites un berger qu'il ne connaissait pas, lequel lui avait dit: « Monsieur, retournez chez vous, car votre cheval n'avancera point. » Cet homme, qui lui parut âgé d'une cinquantaine d'années, était de haute taille, de mauvaise physionomie, la barbe et les cheveux noirs, ayant la houlette à la main, et deux chiens noirs à courtes oreilles auprès de lui.
Le jeune homme se moqua du propos du berger. Cependant il ne put faire avancer son cheval et fut obligé de le ramener par la bride à la maison, où il tomba malade, car le sorcier lui avait jeté un sort.


La vision de M. de la Richardière

M. de la Richardière le père fit mille choses pour la guérison de son fils. Comme un jour ce jeune homme rentrait seul dans sa chambre, il y trouva son vieux berger assis dans un fauteuil, avec sa boulette et ses deux chiens noirs. Cette vision l'épouvanta. Il appela du monde, mais personne que lui ne voyait le sorcier. Il soutint toutefois qu'il le voyait très bien. Il ajouta même que ce berger s'appelait Danis, bien qu'il ignorât qui pouvait lui avoir révélé son nom. Il continua de le voir tout seul.
Sur les six heures du soir, il tomba à terre en disant que le berger était sur lui et l'écrasait. Et en présence de tous les assistants qui ne voyaient rien, il tira de sa poche un couteau pointu, dont il donna cinq ou six coups dans le visage du malheureux par qui il se croyait assailli.
Enfin, au bout, de huit semaines de souffrances, il alla à Saint-Maur, avec confiance qu'il guérirait ce jour-là. Il se trouva mal trois fois. Mais, après la messe, il vit saint Maur debout, en habit de bénédictin, et le berger à sa gauche, le visage ensanglanté de cinq coups de couteau, sa houlette à la main, et ses deux chiens à ses côtés. Il s'écria qu'il était guéri, et il le fut en effet dès ce moment.


L'aveu de Danis

Quelques jours après, chassant dans les environs de Noisy, il vit effectivement son berger dans une vigne. Cet aspect lui fit horreur. Il donna au sorcier un coup de crosse de fusil sur la tête: « Ah! monsieur, vous me tuez! » s'écria le berger en fuyant. Mais le lendemain il vint trouver M. de la Richardière, se jeta à ses genoux, lui avoua qu'il s'appelait Danis, qu'il était sorcier depuis vingt ans, qu'il lui avait en effet donné le sort dont il avait été affligé, que ce sort devait durer un an; qu'il n'en avait été guéri au bout de huit semaines qu'à la faveur des neuvaines qu'on avait faites; que le maléfice était retombé sur lui Danis, et qu'il se recommandait à sa miséricorde.
Puis, comme les archers le poursuivaient, le berger tua ses chiens, jeta sa houlette, changea d'habits, se réfugia à Torcy, fit pénitence, et mourut au bout de quelques jours.
Le père Lebrun, qui rapporte longuement cette aventure, pense qu'il peut bien y avoir là sortilège.

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