La croyance relative à Boguet

Henri Boguet est un grand juge de la terre de Saint-Claude au comté de Bourgogne, mort en 1619. Il est l'auteur d'un livre pitoyable, plein d'une crédulité puérile et d'un zèle outré contre les sorciers. Ce livre, publié, au commencement du XVIIe siècle, est intitulé Discours des Sorciers, avec six avis en fait de sorcellerie et une instruction pour un juge en semblable matière.


Le contenu de son ouvrage

C'est une compilation des procédures auxquelles, comme juge, l'auteur a généralement présidé. On y trouve l'histoire de Louise Maillat, possédée de cinq démons à l'âge de 8 ans; de Françoise Secretain, sorcière qui avait envoyé lesdits démons; des sorciers Gros-Jacques et Willermoz, dit le Baillu; de Claude Gaillard, de Rolande Duvernois et de quelques autres. L'auteur détaille les abominations qui se font au sabbat. Il dit que les sorciers peuvent faire tomber la grêle; qu'ils ont une poudre avec laquelle ils empoisonnent; qu'ils se graissent les jarrets avec un onguent pour s'envoler au sabbat; qu'une sorcière tue qui elle veut, par son souffle seulement; qu'elles ont mille indices qui les feront reconnaître: par exemple, que la croix de leur chapelet est cassée, qu'elles ne pleurent pas en présence du juge, qu'elles crachent à terre quand on les force à renoncer au diable, qu'elles ont des marques sous leur chevelure, lesquelles se découvrent si on les rase; que les sorciers et les magiciens ont tous le talent de se changer en loups; que sur le simple soupçon mal lavé d'avoir été au sabbat, même sans autre maléfice, on doit les condamner; que tous méritent d'être brûlés sans sacrement, et que ceux qui ne croient pas à la sorcellerie sont criminels.
Il faut remarquer qu'en ces choses ce n'était pas le clergé qui était sévère, mais les juges laïques qui se montraient violents et féroces.


Les six avis accompagnant sont livre

A la suite de ces discours viennent les six avis, dont voici le sommaire:

  • 1° Les devins doivent être condamnés au feu, comme les sorciers et les hérétiques, et celui qui a été au sabbat est digne de mort. Il faut donc arrêter sur la plus légère accusation la personne soupçonnée de sorcellerie, quand même l'accusateur se rétracterait, et l'on peut admettre en témoignage contre les sorciers toutes sortes de personnes. On brûlera vif, dit-il, le sorcier opiniâtre, et par grâce, on se contentera d'étrangler celui qui confesse.

  • 2° Dans le crime de sorcellerie, on peut condamner sur de simples indices, conjectures et présomptions. On n'a pas besoin pour de tels crimes de preuves très exactes.

  • 3° Le crime de sorcellerie est directement contre Dieu (ce qui est vrai dans ce crime existe réellement, puisque c'est une négation de Dieu et un reniement). Aussi, il faut le punir sans ménagement ni considération quelconque.

  • 4° Les biens d'un sorcier condamné doivent être confisqués comme ceux des hérétiques, car sorcellerie est pire encore qu'hérésie, en ce que les sorciers renient Dieu. Aussi on remet quelquefois la peine à l'hérétique repenti. On ne doit jamais pardonner au sorcier...

  • 5° On juge qu'il y a sorcellerie quand la personne accusée fait métier de deviner, ce qui est l'œuvre du démon. Les blasphèmes et imprécations sont encore des indices. On peut poursuivre enfin sur la clameur publique.

  • 6° Les fascinations, au moyen desquelles les sorciers éblouissent les yeux, faisant paraître les choses ce qu'elles ne sont pas, donnant des monnaies de corne ou de carton pour argent de bon aloi, sont ouvrages du diable. Et les fascinateurs, escamoteurs et autres magiciens doivent être punis de mort.

Le volume de Boguet est terminé par l'instruction pour un juge en fait de sorcellerie. Cet autre morceau curieux est connu sous le nom de Code des sorciers.

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