La croyance relative à Songe


Les songes et les tempéraments

Le cerveau est le siège de la pensée, du mouvement et du sentiment. Si le cerveau n'est point troublé par une trop grande abondance de vapeurs crues, si le travail ne lui a pas ôté toutes ses forces, il engendre des songes excités par les images dont il s'est vivement frappé durant le jour, ou par des impressions toutes nouvelles, que produisent dans le cerveau les affections naturelles ou accidentelles des nerfs, ou la nature du tempérament.
Aussi, selon Peucer, les songes naturels viennent des émotions de la journée et du tempérament:

  • Les tempéraments sanguins songent les festins, les danses, les divertissements, les plaisirs, les jardins et les fleurs.
  • Les tempéraments bilieux songent les disputes, les querelles, les combats, les incendies, les couleurs jaunes, etc.
  • Les tempéraments mélancoliques songent l'obscurité, les ténèbres, la fumée, les promenades nocturnes, les spectres et les choses tristes.
  • Les tempéraments pituiteux ou flegmatiques songent la mer, les rivières, les bains, les navigations, les naufrages, les fardeaux pesants, etc.
  • Les tempéraments mêlés, comme les sanguins-mélancoliques, les sanguins-flegmatiques, les bilieux-mélancoliques, etc., ont des songes qui tiennent des deux tempéraments.

A ce que dit Gallien, on rêve feu et flammes quand on a une bile jaune. On rêve fumée et ténèbres quand on a une bile noire; on rêve eau et humidité quand on a des glaires et des pituites.


La divination par les songes

Les anciens attachaient beaucoup d'importance aux rêves. Et l'antre de Trophonius était célèbre pour cette sorte de divination. Pausanias nous a laissé, d'après sa propre expérience, la description des cérémonies qui s'y observaient:
« Le chercheur passait d'abord plusieurs jours dans le temple de la bonne fortune. Là il faisait ses expiations, observant d'aller deux fois par jour se laver. Quand les prêtres le déclaraient purifié, il immolait au dieu des victimes. Cette cérémonie finissait ordinairement par le sacrifice d'un bélier noir. Alors le curieux était frotté d'huile par deux enfants, et conduit à la source du fleuve où on lui présentait une coupe d'eau du Léthé, qui bannissait de l'esprit toute idée profane, et une coupe d'eau de Mnémosyne, qui disposait la mémoire à conserver le souvenir de ce qui allait se passer. Les prêtres découvraient ensuite la statue de Trophonius, devant laquelle il fallait s'incliner et prier. Enfin, couvert d'une tunique de lin et le front ceint de bandelettes, on allait à l'oracle.
Il était placé sur une montagne, au milieu d'une enceinte de pierre qui cachait une profonde caverne, où l'on ne pouvait descendre que par une étroite ouverture. Quand, après beaucoup d'efforts, et à l'aide de quelques échelles, on avait eu le bonheur de descendre sans se rompre le cou, il fallait passer encore, de la même manière, dans une seconde caverne, petite et très obscure. Là on se couchait à terre, et on n'oubliait pas de prendre dans ses mains une espèce de pâte faite avec de la farine, du lait et du miel. On présentait les pieds à un trou qui était au milieu de la caverne, et dans le même instant, on se sentait rapidement emporté dans l'antre. On s'y trouvait couché sur des peaux de victimes récemment sacrifiées, enduites de certaines drogues dont les prêtres seuls connaissaient la vertu. On ne tardait pas à s'endormir profondément. C'était alors qu'on avait d'admirables visions, et que les temps à venir découvraient tous leurs secrets. »
Selon Artémidore, songer à la mort annonce mariage; songer des fleurs, prospérité; songer des trésors, peines et soucis; songer qu'on devient aveugle, perte d'enfants...
Songer des bonbons et des crèmes, dit un autre savant, annonce des chagrins et des amertumes; songer des pleurs, annonce de la joie; songer des laitues, annonce une maladie; songer or et richesses, annonce la misère...
Il y a eu des hommes assez superstitieux pour faire leur testament, parce qu'ils avaient vu un médecin en songe. Ils croyaient que c'était un présage de mort.


L'explication de quelques-uns des principaux songes

  • Aigle: si on voit en songe, voler un aigle, c'est un bon présage. Mais c'est un signe de mort, s'il tombe sur la tête du songeur.
  • Arc-en-ciel: vu du côté de l'orient, c'est un signe de bonheur pour les pauvres. Du côté de l'occident, le présage est pour les riches.
  • Belette: si on voit une belette en songe, c'est un signe qu'on aura ou qu'on a une méchante femme.
  • Bois: être peint sur bois dénote longue vie.
  • Brigands: on est sûr de perdre quelques parents ou une partie de sa fortune, si on songe qu'on est attaqué par des brigands.
  • Cheveux arrachés: c'est le présage de pertes d'amis.
  • Cygnes noirs: c'est le signe de tracas de ménage.
  • Dents: la chute de dents est un présage de mort.
  • Enterrement: si quelqu'un rêve qu'on l'enterre vivant, il peut s'attendre à une longue misère. Aller à l'enterrement de quelqu'un présage un heureux mariage.
  • Etoiles: voir des étoiles tomber du ciel présage des chutes, des déplaisirs et des revers.
  • Lune: voir la lune est le signe d'un retard dans les affaires. La lune pâle est le signe de peines. La lune obscure présage des tourments.
  • Oies: qui voit des oies en songe, peut s'attendre à être honoré des princes.
  • Ossements: c'est un signe de traverses et de peines inévitables.
  • Tempête: songer à une tempête est signe d'outrage et de grand péril.

Telles sont les extravagances que débitent les interprètes des songes.


L'histoire des deux Arcadiens et du songe alertant

Il y a des songes, au reste, qui ont beaucoup embarrassé ceux qui ne veulent, rien voir d'inexplicable. Nous ne pouvons passer sous silence le fameux songe des deux Arcadiens. Il est rapporté par Valère-Maxime et par Cicéron.
Deux Arcadiens, voyageant ensemble, arrivèrent à Mégare. L'un se rendit chez un ami qu'il avait en cette ville. L'autre alla loger à l'auberge. Après que le premier fut couché, il vit en songe son compagnon, qui le suppliait de venir le tirer des mains de l'aubergiste, par qui ses jours étaient menacés. Cette vision l'éveille en sursaut, il s'habille à la hâte, sort et se dirige, vers l'auberge où était son ami.
Chemin faisant, il réfléchit sur sa démarche, la trouve ridicule, condamne sa légèreté à agir ainsi sur la foi d'un songe. Et après un moment d'incertitude, il retourne sur ses pas et se remet au lit. Mais à peine a-t-il de nouveau fermé l'œil, que son ami se présente de nouveau à son imagination, non tel qu'il l'avait vu d'abord, mais mourant, mais souillé de sang, couvert de blessures, et lui adressant ce discours: « Ami ingrat, puisque tu as négligé de me secourir vivant, ne refuse pas au moins de venger ma mort. J'ai succombé sous les coups du perfide aubergiste. Et pour cacher les traces de son crime, il a enseveli mon corps, coupé en morceaux, dans un tombereau plein de fumier, qu'il conduit à la porte de la ville. »
Celui-ci, troublé de cette nouvelle vision, plus effrayante que la première, épouvanté par le discours de son ami, se lève derechef, vole à la porte de la ville, et y trouve le tombereau désigné, dans lequel il reconnaît les tristes restes de son compagnon de voyage. Il arrête aussitôt l'assassin et le livre à la justice.
Cette aventure étonnante peut pourtant s'expliquer. Les deux amis étaient fort liés et naturellement inquiets l'un pour l'autre. L'auberge pouvait avoir un mauvais renom. Dès lors, le premier songe n'a rien d'extraordinaire. Le second en est la conséquence dans l'imagination agitée du premier des deux voyageurs. Les détails du tombereau sont plus forts. Il peut se faire qu'ils soient un effet des pressentiments, ou d'une anecdote du temps, ou une rencontre du hasard.


Le songe curieux du serviteur d'Alexanter

Mais il y a des choses qui sont plus inexplicables et qu'on ne peut pourtant contester.
Alexander ab Alexandro raconte qu'un sien fidèle serviteur, homme sincère et vertueux, couché dans son lit, dormant profondément, commença à se plaindre, soupirer et lamenter si fort, qu'il éveilla tous ceux de la maison. Son maître, après l'avoir éveillé, lui demanda la cause de son cri. Le serviteur répondit: « Ces plaintes que vous avez entendues ne sont point vaines, car lorsque je m'agitais ainsi, il me semblait que je voyais le corps mort de ma mère passer devant mes yeux, que l'on portail, en terre. »
On fit attention à l'heure, au jour, à la saison où cette vision était advenue, pour savoir si elle annoncerait quelque désastre au garçon. Et l'on fut tout étonné d'apprendre la mort de cette trois quelques jours après. S'étant informé des jour et heure, on trouva qu'elle était morte le même jour et à la même heure qu'elle s'était présentée morte à son fils.

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