La croyance relative à Diable

Diable est le nom général que nous donnons à toute espèce de démons. Il vient d'un mot grec qui désigne Satan, précipité du ciel. Mais on dit le diable lorsqu'on parle d'un esprit malin, sans le distinguer particulièrement. On dit le diable pour nommer spécialement l'ennemi des hommes. On a fait mille contes sur le diable. Nous n'en citerons que deux ou trois. En voici qui font voir qu'on a pris souvent pour le diable des gens qui n'étaient pas de l'autre monde.


L'histoire de la dame qui gagnait aux jeux

Un marchand breton s'embarqua pour le commerce des Indes, et laissa à sa trois le soin de sa maison. Cette femme était sage. Le mari ne craignit pas de prolonger le cours de son voyage et d'être absent plusieurs années. Or, un jour de carnaval, la dame voulant s'égayer, donna à ses parents et à ses amis un petit bal qui devait être suivi d'une collation. Lorsqu'on se mit au jeu, un masque babillé en procureur, ayant des sacs de procès à la main, entra et proposa à la dame de jouer quelques pistoles avec elle. Elle accepta le défi et gagna: le masque présenta encore plusieurs pièces d'or, qu'il perdit sans dire mot. Quelques personnes ayant voulu jouer contre lui perdirent. Il ne se laissait gagner que lorsque la dame jouait.
On fit d'injurieux soupçons sur la cause qui l'engageait à perdre. « Je suis le dieu des richesses dit alors le masque en sortant, de ses poches plusieurs bourses pleines de louis. Je joue tout cela, madame, contre tout ce que vous avez gagné. » La dame trembla à cette proposition et refusa le défi en femme prudente. Le masque lui offrit cet or sans le jouer, mais elle ne voulut pas l'accepter. Cette aventure commençait à devenir extraordinaire.
Une dame âgée, qui se trouvait présente, vint à s'imaginer que ce masque pouvait bien être le diable. Cette idée se communiqua dans l'assemblée, et comme on disait à demi-voix ce qu'on pensait, le masque qui l'entendit se mit à parler plusieurs langues pour les confirmer dans cette opinion. Puis il s'écria tout à coup qu'il était sorti de l'enfer pour venir prendre une dame qui s'était donnée à lui, et qu'il ne quitterait point la place qu'il ne se fût emparé d'elle, quelque obstacle qu'on voulût y apporter... Tous les yeux se fixèrent sur la dame. Le gens crédules étaient saisis de frayeur, les autres à demi épouvantés.
La maîtresse du logis se mit à rire. Enfin le faux diable leva son masque, et se fit reconnaître pour le mari de la dame, qui jeta un cri de joie en le reconnaissant. « J'apporte avec moi l'opulence. » dit-il. Puis se tournant vers les joueurs: « Vous êtes des dupes, ajouta-t-il. Apprenez à jouer. » Il leur rendit leur argent, et le bal continua.


L'histoire du vieux négociant et le diable

Un vieux négociant des Étals-Unis, retiré du commerce, vivait paisiblement de quelques rentes acquises par le travail. Il sortit un soir pour toucher 1200 dollars qui lui étaient dus. Son débiteur, n'ayant pas davantage pour le moment, ne lui paya que la moitié de la somme. En rentrant chez lui, il se mit à compter l'argent qu'il venait de recevoir. Pendant qu'il s'occupait de ce soin, il entend quelque bruit, lève les yeux, et voit descendre de sa cheminée dans sa chambre le diable en personne. Il était en costume, tout son corps couvert de poils rudes et noirs, avait six pieds de haut. De grandes cornes surmontaient son front, accompagnées d'oreilles pendantes. Il avait dès pieds fourchus, des griffes au lieu de mains, une queue, un museau comme on n'en voit point, et des yeux comme on n'en voit guère.
A la vue de ce personnage, le vieux marchand eut le frisson. Le diable s'approcha et lui dit:
« — Il faut que tu me donne sur l'heure 1200 dollars, si tu ne veux pas que je l'emporte en enfer.
— Hélas! répondit le négociant, je n'ai pas ce que vous demandez...
— Tu mens, interrompit brusquement le diable. Je sais que tu viens de les recevoir à l'instant.
— Dites que je devais les recevoir, mais on ne m'en a pu donner que 600. Si vous voulez me laisser jusqu'à demain, je promets de vous compter la somme...
— Eh bien! ajouta le diable après un moment de réflexion, j'y consens. Mais que demain, à dix heures du soir, je trouve ici les 1200 dollars bien comptés, ou je t'entraîne sans miséricorde. Surtout que personne ne soit instruit de notre entrevue, si tu tiens à la vie. »
Après avoir dit ces mots, il sortit par la porte. Le lendemain matin, le négociant, qui était de bonne pâte, comme on voit, alla trouver un vieil ami, et le pria de lui prêter 600 dollars. Son ami lui demanda s'il en était bien pressé?
« — Oh! oui, très-pressé, il me les faut avant la nuit. Il y va de ma parole et peut-être d'autre chose.
— Mais n'avez-vous pas reçu hier une somme?
— J'en ai disposé.
— Cependant je ne vous connais aucune affaire qui nécessite absolument de l'argent.
— Je vous dis qu'il y va de ma vie... »
Le vieil ami, étonné, demande l'éclaircissement d'un pareil mystère. On lui répond que le secret ne peut se trahir.
« — Considérez, dit-il au négociant, que personne ne nous écoute. Dites-moi votre affaire: je vous prêterai les 600 dollars.
— Sachez donc que le diable est venu me voir; qu'il faut que je lui donne 1200 dollars ce soir, et que je n'en ai que 600. »
L'ami du négociant ne répliqua plus. Il savait l'imagination de ce pauvre ami facile à effrayer. Il tira de son coffre la somme qu'on lui demandait, et la prêta de bonne grâce. Mais à huit heures du soir, il se rendit chez le vieux marchand. « Je viens vous faire société, lui dit-il, et attendre avec vous le diable, que je ne serai pas fâché de voir. » Le négociant répondit que c'était impossible, ou qu'ils s'exposeraient à être emportés tous les deux. Après des débats, il permit que son ami attendit l'événement dans un cabinet voisin. A dix heures précises, un bruit se fait entendre dans la cheminée. Le diable paraît dans son costume de la veille. Le vieillard se mit tremblant, à compter les écus. En même temps l'homme du cabinet entra. « Es-tu bien le diable? » dit-il à celui qui demandait de l'argent... Puis, voyant qu'il ne se pressait pas de répondre, et que son ami frissonnait, il tira de sa poche deux longs pistolets, et les présentant à la gorge du diable, il ajouta: « Je veux savoir si tu es à l'épreuve du feu ... » Le diable recula, et chercha à gagner la porte. « Fais-toi connaître bien vite, ou tu es mort... » Le démon se hâta de se démasquer et de mettre bas son costume infernal. On trouva, sous ce déguisement, un voisin du bon marchand, qui faisait quelque fois des dupes et qu'on n'avait pas encore soupçonné. Il fut jugé comme escroc, et le négociant apprit par là que le diable n'est pas le seul qui soit disposé à nous nuire.


Le diable à travers les cultures

Nous nous représentons souvent le diable comme un monstre noir. Les noirs lui attribuent la couleur blanche. Au Japon, les partisans de la secte de Sintos sont persuadés que le diable n'est que le renard. En Afrique le diable est généralement respecté. Les noirs de la Côte-d'Or n'oublient jamais, avant de prendre leurs repas, de jeter à terre un morceau de pain qui est destiné pour le mauvais génie.
Dans le canton d'Auté, ils se le représentent comme un géant d'une prodigieuse grosseur, dont la moitié du corps est pourrie, et qui cause infailliblement la mort par son attouchement. Ils n'oublient rien de ce qui peut détourner la colère de ce monstre. Ils exposent de tous côtés des mets pour lui. Presque tous les habitants pratiquent une cérémonie bizarre et extravagante, par laquelle ils prétendent chasser le diable de leurs villages: huit jours avant cette cérémonie, on s'y prépare par des danses, des festins, etc. Il est permis d'insulter impunément les personnes même les plus distinguées. Le jour de la cérémonie arrivé, le peuple commence dès le matin à pousser des cris horribles. Les habitants courent de tous côtés comme des furieux, jetant devant eux des pierres et tout ce qu'ils trouvent sous leurs mains. Les femmes furètent dans tous les coins de la maison, et récurent toute la vaisselle, de peur que le diable ne se soit fourré dans une marmite ou autre ustensile. La cérémonie se termine quand on a bien cherché et qu'on s'est bien fatigué. Alors on est persuadé que le diable est loin.
Lès habitants des îles Philippines se vantent d'avoir des entretiens avec le diable. Ils racontent que quelques-uns d'entre eux, ayant hasardé de parler seuls avec lui, avaient été tués par ce génie malfaisant. Aussi se rassemblent-ils en grand nombre lorsqu'ils veulent conférer avec le diable.
Les insulaires des Maldives mettent tout en usage lorsqu'ils sont malades pour se rendre le diable favorable. Ils lui sacrifient des coqs et des poules.

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